BIENVENUE SUR MA PLANÈTE

Enfin, me cacher sous une plume électronique, au prétexte du journal très intime me dire peut-être, mais en m’autorisant la dissimulation…

Voilà ce que j’attendais.

Car, si ce n’est ceux qui me connaissent – les pauvres –, les créatures qui, si le Diable m’en garde, liront ces aérolithes ne connaîtront de moi que cette signature masquée sous un loup. Nains, vieux cœurs, oisifs, emmerdeurs, soldats, orphelins, ermites, moutons, faux frères, chérubins, infâmes crétins, freluquets, pétroleuses, fantômes en perdition, maudites engeances… ils me transformeront au gré de leurs déambulations. De moi ils feront ce qui leur plaît. Et les âmes sœurettes, vous qui m’aurez reconnue, bénéficierez peut-être de cet effet dissolvant. Vous verrez sous les breloques une autre que moi. J’aurai droit à la perdition, au travestissement, à un feint anonymat, celui que j’aurai décidé. Autant le dire, j’aurai tous les pouvoirs (et vous aussi, celui de lire ou d’envoyer aux oubliettes ces facéties flapies). Je pourrai me cabosser sans que vous pipiez mot.

Je serai votre chimère.

Allons donc. Je m’y crois déjà. Je n’ai pas écrit dix lignes que j’imagine déjà les lecteurs se bousculer au portillon.

Vieux fantasme pourrissant, prends garde à ta charogne !

Tentons pourtant l’aventure, même si les nains désertent. Tant pis pour eux, il restera les moutons. Tant que vaille pour moi. Tant mieux pour vous qui êtes toujours là.

Alors voilà.

De moi à vous, de vous à moi, ces humeurs volatiles crapahuteront où bon leur semblera.

Rira bien qui rira le premier.