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Menus aérolithes pour s'assoupir en s'apaisant
29 mai 2008

FUSÉES

Vous vous demandez peut-être ce qui se cache derrière ces aérolithes dont je vous rebats les oreilles depuis quelques jours. Pour tout dire, moi aussi. Ils sont venus frapper à ma porte un matin de printemps. Pimpants, tentateurs, impérieux. Je n’ai pas pu leur résister. C’est que j’ai su tout de suite qu’ils étaient des petits morceaux de ma pauvre âme errante. À la fois ses lambeaux et ce qui les fait, bon gré, mal gré, tenir ensemble.

C’est ce que je vous murmurerai au crépuscule tous les jours que le Malin fait (il faut que je me méfie, je l’ai déjà invoqué hier, il va finir par se réveiller… c’est pas que je suis superstitieuse, mais enfin) : de menus aérolithes pour s’assouvir en s’apaisant, des poussières en diffusion pour épousseter la journée. Vous faire partir en voyage dans un système solaire inédit, où les objets et les jours ne sont pas soumis à la même gravitation.

En somme, une constellation de textures à la fois morte et vivante, de vestiges d’étoile. Des miettes de pierres. Une réminiscence de ce qui vous a traversé, une rémanence de ce que vous n’avez su dire. Un plumeau astronomique pour faire le ménage dans vos vies. Des fragments de corps céleste, qui vous emmèneront voguer entre les astres pour vous remettre en orbite après les affres de la Terre, toujours, forcément trop terrestres. Vous faire goûter au calice d’une nouvelle planète, relier autrement entre elles les heures et les humeurs… Pour que, au seuil du soir, peut-être, de toutes les chicanes, de toutes les disparitions vous fassiez piètre fortune joli cœur.

Car j’en ai l’audace : vous faire rebondir dans cette combinaison de silice ; à vous le trampoline ! Imaginez-vous, lilliputiens en suspension, décollés du sol, vous cognant à Pluton, volant à l’envers au-dessus de l’horizon, nageant sur un nid d’émeraude, faisant toc toc toc à Vénus, rencontrant au gré des minutes des débris ardents, des poussières de flammes, des brindilles volcaniques, bruissant sous un baume de talc…

Prêts pour l’aventure ?

Venez à moi, bonnes gens, soyez sans crainte.

Il semblerait que les aérolithes viennent des espaces situés au-delà de notre atmosphère. Je vous mettrai donc sous la dent quelques nuages, une petite ration de ciel à portée de main, une bobine de quartz, un croissant de silicate. Au jour le jour, vous vous promènerez dans le labyrinthe d’une nouvelle galaxie que j’inviterai, que j’inventerai au fur et à mesure sous vos yeux, rien que pour vous. Vous en serez tour à tour les astronomes de choix et les soleils cosmopolites.

Car c’est ce qui me parle, ce qui me porte, ce qui seul importe. Vous faire quitter la Terre. Vous ouvrir les portes des nuées, vous faire sortir des contingences qui nous grignotent à pas de tigre. Vous faire échapper de prison, je ne sais laquelle, il y en a tant. Je crois deviner, mais à vous de me dire… Vous libérer de ce qui vous arrête, vous freine et vous ampute.

Ce n’est rien. Ce ne sera rien, non, que débris de matière. Rien que déchets du jour. Mais ce seront les miens. Les vôtres. Ce que de la journée il me plaira de prélever, de trier, décomposer. Du développement durable revisité au goût du ciel. Un petit monstre de pluie, de calcaire et de lune. Des souvenirs de comètes, qui vous chatouilleront les mains. Merci à vous, mes étoiles filantes…

Venez vite en mes confins.

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