Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Menus aérolithes pour s'assoupir en s'apaisant
26 juin 2009

LES COLLINES DE MON SPIRIT (lettre III)

Mes facéties - Journal d'un mouton mutin


Cher Daron totem,

 

Si je t’écris une bafouille en ce matin clair, c’est pour t’annoncer la reprise de mon activité philosophique. Figure-toi que l’inspiration m’a visité pas plus tard que cette nuit… tu me connais, Daron pénétrant, je me laisse avec confiance voguer au gré des fulgurances que m’offre sans prévenir la nuitée prolifique : elle me fait des faveurs, me confit en son sein, pour me réserver le sésame électif de ses profondeurs analytiques.

 

J’étais donc en train de pioncer comme un charme, quand j’ai été pris de picotements dans tout le body. Comme à l’habitude, mon cul sacré fut précurseur… et, très vite, c’est mon pelage entier qui s’est mis à me gratter comme un damné. J’ai bien essayé de lutter, en clôturant mes paupières à la puissance dix mille, et même, à l’infini, car il faut reconnaître qu’en ce moment, vu mon rythme trépidant, je me sens un tout petit peu exhausted, pour ne pas dire surmené, sais-tu, Daron contrebasse ? Bien sûr, tu ne peux pas savoir ce que c’est, toi qui mets un point d’honneur à surtout ne pas accepter deux boulots à la fois, et qui as besoin de trois heures pour corriger la moindre pagette, que dis-je, la plus petite ligne, toi qui te laisses vivre comme un bienheureux… mais, pour ma part, je crois que j’ai peut-être pris un peu trop d’engagements professionnels ces derniers temps, et le poids des responsabilités qui m’incombent commence à me peser sérieusemine1 : elles sont si énôôôrmes pour le si petit mouton que je ne manque pas d’être !

 

Mais je m’égare… tout ça pour dire que je n’aurais pas craché (ça non !) sur quelques minutes de sommeil supplémentaire et pas du tout superfétatoire… Mais tu sais ce que c’est (ou plutôt non), Daron pacha : la métaphysique n’attend pas, surtout pas (si on la laisse filer, elle risque de ne pas revenir de sitôt… un peu susceptible, la mégère, il s’agit donc de la caresser dans le sens du poil, foi de Bertiche !). Il a donc fallu péniblement allumer ma lampe à pétrole, et, me vouant docilement aux sphères célestes de mon cerveau symphonique, me mettre au turbin. Dix heures durant, j’ai gratté sans vergogne, fait crisser le papier et serpenter les mots sur les pages hospitalières. Mon CXIIe traité a donc avancé tangiblement. Je ne sais plus si je t’ai dit, il s’intitule Théorème de récursivité éthylique. Si ça t’intéresse, je peux te le forwarder pas plus tard que ce soir, à la première heure du crépuscule. En attendant, veux-tu que je t’en expose brièvement les arcanes (tu connais mon esprit synthétique) ?

 

Bien sûr, je vais simplifier, je ne voudrais pas que tu sois perdu dans mes forêts théoriques, Daron mon enfant. Tout l’art de la pédagogie se tient en cet impératif catégorique : il faut toujours se placer au niveau de son interlocuteur. Dis-moi toutefois si tu trouves que je m’aventure dans des régions trop absconses, je suis tellement imprégné de mes prémisses truculents, de mes fourmillantes démonstrations, de mes sémillantes apories, de mes saucisses anticonformistes – oups ! ma plume a ripé, sophismes, voulais-je dire –, que j’espère parvenir à me hisser à l’envers, c’est-à-dire à descendre jusqu’au dix-huitième sous-sol de ton esprit candide. Ne te méprends pas, surtout pas, Daron parano, n’y vois de ma part nulle condescendance… Après tout, nul n’est responsable de son QI, et puis je t’aime comme tu es, de tout mon petit cœur balbutiant. C’est bien là l’essentiel, n’est-il pine ?

 

Alors voilà le topo. En gros, pour te résumer le tout et te livrer gracieusement le suc, la moelle substantifique de la chôse, je dirais que… par où commencer ? Ah oui, c’est pourtant simplet :

 

Tout ce qui est à toi est à moi. Tout ce qui est à moi est à toi. Tout ce qui n’est pas à toi est à moi. Tout ce qui n’est pas à moi peut être à toi. Ce qui est à moi au départ n’est pas à toi mais l’est du fait de phénomène présent de récursivité. Donc tout ce qui n’est pas à toi est à toi. Or tout ce qui est à toi est à moi. Donc tout ce qui n’est pas à moi et pas à toi est à moi. En bonne somme, je possède le monde. Allah est à moi. Les fleuves et les montagnes m’appartiennent. Le ciel est mon jeu de marelle. Les papillons, mon salon. La pluie est ma bibine perso. Tout ça tout ça. Mais, moi, moi, humble en tous mes désirs, de ce Grand Tout cosmique, je ne souhaite qu’une toute petite chose, que, je l’espère, Daron dispendieux, tu m’accorderas sans peine. Tu verras, que peut bien représenter cette minuscule graine parmi l’immensité ésotérique ? Cet objet tout petit, tout mignon, c’est la pépite du monde. Je veux épouser Daronnie.

 

Merci de me répondre dans les plus brefs délais.

 

Berthe, ton ascète

 


1. Sérieusemine : sérieusement.

Publicité
Publicité
Commentaires
Menus aérolithes pour s'assoupir en s'apaisant
Publicité
Publicité