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Menus aérolithes pour s'assoupir en s'apaisant
27 juin 2009

MÉLOPÉE POP (lettre IV)

Mes facéties - Journal d'un mouton mutin

Daron ma désolation,

C’est la mort dans les pattes que je me vois contraint de t’annoncer un événement dont les minutes ni les heures n’atténuent le choc – je pense malheureusemine que les semaines ni même les mois ne feront rien à l’affaire : mon bras droit, mon compagnon de scène, mon ami de cœur a rendu l’âme. La nouvelle est tombée cette nuit : the King of pop n’est plus. Trois coups ont retenti dans le silence de l’obscurité. J’ai d’abord cru qu’ils avaient lieu dans ma tête : ils n’étaient pas sans me rappeler les signes avant-coureurs d’une transe. Mais c’était bien la porte de l’appartement qui résonnait, comme une menace : le messager personnel de Mickael Jackson avait tenu à venir m’annoncer la nouvelle en personne.

Comment te décrire, Daron musette, l’étendue de mon affliction ? Comme tu sais, c’est aux côtés de ce cher Mimi que j’ai démarré il y a trois décennies ma carrière de diva déchue. Combien d’hypershows n’avons-nous organisé en duo ? Nous nous sommes rencontrés en 1972, au comptoir d'un troquet punk de New York – mon avant-dernière vie. Il éclusait un Mojito, j’en étais à ma huitième vodka (à l’époque, je venais de me faire plaquer par mon gigolo préféré… dur dur !). Tout de suite, le courant est passé entre nous, sans mesure, sans secret. Nous nous sommes raconté nos menues existences. À ma dixième vodka, nous étions poteaux à vie. À son cinquième Mojito, frères de sang. Quatre margaritas plus tard, nous nous sommes tombés dans les bras en sanglotant.

Comme tu sais, Daron Pénélope, il est des rencontres qui vous dérobent à vous-même. La mienne avec Mickael est incontestablement de celles-là. À côté de lui, je paraissais très normal. Les gens avaient un peu peur de lui, ils se tournaient vers moi. Grâce à sa présence à mes côtés, je me suis fait des amis  à foison – pour moi qui en avais si peu, c’était incroyablement précieux ! Mais je m’égare… Y’a pas, je crois que Mimi a beaucoup progressé à mon contact. Sa musique, sa gestuelle, son personnage se sont infléchis, stimulés par mon inventivité scénique – c’est pas moi qui le dis (je n’oserais), tu le liras dans toutes les bios officielles (il faudra que je songe à vérifier les épreuves, je n'aimerais pas trop qu'on raconte pis que pendre sur mon compte – mais là n'est pas la question pour le moment, je suis bien trop terrassé pour me lancer dans ce genre de considérations) .

Très vite, nous avons mêlé nos projets. Tu n’étais pas né, Daron fatidique, mais je crois bien que Body of Devil, mon spectacle psyché de 1977, auquel Mimi a participé, reste son plus grand succès – il faut dire que, sur ce coup-là, il m’avait, oups ! ma plume a ripé, je l’avais bien coaché. Certains spécialistes considèrent même que je lui ai tout appris, et que c’est moi, mes déhanchements carnassiers, mes dizaines d'identités, mes rythmes fox-trot, qui lui avons inspiré son style inimitable – tu connais le roulé-boulé de mon cul débonnaire, Daron tango ?

Je me demande même, pour tout t’avouer, si Mimi n’était pas un peu amoureux de moi. Comme, de mon côté, ce ne fut pas réciproque, cela ne peut-il expliquer son comportement border line – eh oui ?

À mon propre insu, j’ai dû le faire beaucoup souffrir. Tout bien réfléchi, Daron sonate, je pense même que c’est là la seule explication à ses ravalements de façade en rafale. S’il a infligé à son visage ces coutures et éraflures par milliers, c’était sans doute uniquement pour me plaire. Mais moi, perso, je ne mélange pas travail et vie privée, c’est une question de principe (oui oui, j’en ai quand même deux ou trois). D’accord, Mimi était mon meilleur ami, mais cela n’a jamais compromis notre collaboration artistique. Si je n’ai jamais voulu aller plus loin avec lui, c’est que je ne pouvais prendre le risque de gâcher ni notre exceptionnelle synergie ni cette amitié telle qu’on n’en vit qu’une dans une vie.

Tout ça pour t’écrire, Daron caniche, que je vais avoir du mal à remonter la pente. Cômment dire, cômment faire, pour sortir de cet enfer ? Inutile de te dire que je vais avoir besoin de ton soutien., ô combien ! J’espère que tu sauras être à la hauteur de mon abîme. Si, à ce propos, tu pouvais dans l’instant m’apporter un petit remontant, ce serait drôlement bath de ta part.

Ton Berthe anéanti

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Commentaires
A
Complètement mytho, le pauvre Berthe.
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