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Menus aérolithes pour s'assoupir en s'apaisant
31 décembre 2013

L'OMBRE DE NOËL (épisode V)

Mazette, voilà qu’elle prend l’amour de Marcel pour un petit Jésus qui naîtrait cette nuit-là. Ma pauvre vieille chose, ça ne s’arrange pas. Tu le sais, pourtant. Depuis que tu as quitté la rue Legall (encore une rue en Le… Tu n’avais jamais remarqué. Celle-là se trouvait à Paris pourtant, pas dans cette antichambre du 20e dans lequel tu es allée te fourrer depuis. Mais qu’est-ce qui te prend de vouloir te faire intituler ainsi, tu ne sais donc pas comment tu t’appelles ?). Depuis, tu n’es plus la même. Tu sais bien ce qu’elle a fait de toi, la rue. Aux autres, tu dis qu’elle t’a rendue invincible. Mais toi. Toi, en face de ton miroir intérieur, tu sais. Tu n’es plus qu’un tout petit carré de chair. Tu pèses trente-six kilos. Tu marches plus lentement qu’avant. Tu mets ta main devant ta bouche pour cacher les deux dents qui sont parties rejoindre la mère de Marcel. Et encore, tu as de la chance, Marie et Colette appellent leurs molaires l’Arlésienne, leurs mentons s’ouvrent sur le vide… Dans tes conversations avec toi-même, tu les appelles les sorcières.

 Est-ce qu’il le sait, ton mari, où tu as atterri quand tu es partie ? Est-ce qu’il t’a cherchée, dans les annuaires, dans le sanctuaire du monde, au fond des prairies d’Internet, est-ce qu’il a tout retourné pour retrouver ta trace ? Ou bien t’a-t-il laissée dans tes limbes ? Elle est partie, elle est partie ce qu’on appelle là-bas. Qu’elle y reste.

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